jeudi, novembre 02, 2006

BALTASAR GRACIÁN: Traités politiques, esthétiques, éthiques

traduits et présentés par Benito Pelegrín, Editions du Seuil, oct. 2005, 940 p.

Cet ouvrage a été couronné par le prix Jules Janin de l'Académie française 2006.

Les six traités de ce jésuite génial et pervers, utilisé par La Rochefoucauld, admiré par Schopenhauer, Nietzsche et Lacan, traduits et commentés par Benito Pelegrín. Dans ces brefs traités, Le Héros, Le Politique, L'Honnête homme, Oracle manuel, Gracián, offre à son lecteur "une raison d'État de [soi]-même", les figures du succès dans la société ; il décortique en phrases brèves et sentencieuses, les mécanismes amoraux de la marche du grand homme vers la gloire : la ruse, le masque, l'art de paraître dans le Grand Théâtre du Monde. Mais, dans l'Oracle manuel, il condense cette stratégie de la réussite sans scrupules, à l'usage de tout un chacun, en 300 aphorismes frappants par leur cynisme tranquille, visant à la fin, au succès, sans grande préoccupation des moyens car "Une bonne fin auréole tout, même si elle est ternie par les faux pas des moyens". Dans un monde où l'image est reine, où il faut mettre le masque de l'innocence car "De rien ne sert avoir raison avec un visage qui a tort." Monde dans lequel "la vie de l'homme est milice contre la malice de l'homme" même s' "il vaut mieux être fou avec tous que sage tout seul."
Après ces "Figures du succès", ce livre présente les "Figures de l'esprit et de l'âme" à travers deux œuvres, dont le magistral "Art et Figures de l'Esprit", dans lequel Gracián analyse le fonctionnement de l'esprit, du mot d'esprit, du jeu de mots, en donne les mécanismes, anticipant par cette rhétorique fondamentale de l'art baroque les travaux de Freud.
Enfin, "L'art de communier", le seul ouvrage que le jésuite, dissimulé jusque-là, signe de son vrai nom et le seul qu'il accepte de soumettre à la censure de son ordre pour se protéger des attaques dont il est l'objet.

Quatrième de couverture, Note de l'éditeur
« Etoile de première grandeur » selon Lacan à côté de La Rochefoucauld (qui l’utilise comme plus tard Nietzsche), dans la tradition des moralistes européens, Baltasar Gracián (1601-1658) est surtout connu pour sa réflexion subtile et profonde sur les arcanes de la vie sociale et pour les conseils de comportement, toujours actuels, qu’il donne à ceux qui veulent réussir, dont l’homme politique ou le professionnel d’aujourd’hui peuvent tirer beaucoup de profits. Pour la première fois, le lecteur de langue française trouvera rassemblés dans ce volume la totalité de ses Traités, dans une traduction nouvelle (depuis les XVII e et XVIII es siècles) ou la première traduction mondiale (Art et Figures de l’Esprit), empreinte d’une vraie beauté littéraire. Il pourra ainsi prendre toute la mesure d’une œuvre majeure qui, à travers les différentes figures que sont « l’honnête homme », « l’homme de cour », ou « le héros » ou le «Bel Esprit», s’interroge sur la destinée de l’homme, son rapport à la société, à la langue et à Dieu.
Benito Pelegrín, est un des spécialistes européens les plus connus du baroque et de Gracián, qu’il a amplement traduit et commenté et auquel il a consacré un Doctorat d’État. Ses nombreux articles sur le sujet font autorité.
Il a consacré à Gracián plusieurs ouvrages, de nombreux travaux, quelques 5000 pages répertoriées déjà en 2001 par la bibliographie établie par Mme E. Cantarino qui en font, selon la critique italienne gracianesque, « il capo lavoro degli studi graciani », le chef de file des études gracianesques.

http://www.prix-litteraires.net/detail_prix_auteur.php?auteur=1614_Benito_Pelegrin

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